Spécial inauguration

La genèse: Allocution de Julie Noël, première présidente du conseil d’administration du CPE Tortue têtue lors de l’inauguration officielle le 27 avril 2017

 

Les membres de la génération « Passe-Partout » se souviendront peut-être de cette comptine « Trois tortues têtues trottent en trottinette ». Je me souviens encore quand Stéphanie, l’une des instigatrices du projet, nous avait dit que cette comptine, qu’elle chantait avec sa fille, lui faisait penser à nous; que ce serait un nom parfait pour notre garderie. Lorsque je pense au chemin parcouru, je suis convaincue que nous n’aurions pas pu trouver un meilleur nom. D’ailleurs, des noms, des gens qui ont contribué à ce magnifique projet, il y en a tellement.

Le CPE Tortue têtue est né grâce à l’initiative d’une jeune étudiante, Maude Bouchard. Cette infatigable militante qui, il faut le dire, n’avait pas d’enfant, décidait, à l’automne 2006, de placarder l’UQAM d’affiches annonçant la création d’un comité pour les parents étudiants. Sans le savoir, elle semait la graine d’une mobilisation colossale. Plus largement, le milieu étudiant s’activait. L’Association pour une solidarité étudiante revendiquait la création de garderies dans le réseau post-secondaire et une association de parents étudiants avait été créé à l’Université Laval. À l’UQAM, une étude de l’IREF révélait la situation des parents étudiants : nous étions 8000, dont une grande majorité avec de très jeunes enfants. Trouver une place en garderie était difficile; dénicher une place dans l’un des CPE de l’UQAM un miracle; obtenir une place dans un milieu qui serait adapté à nos besoins relevait de l’impossible.

Parce que des besoins atypiques, nous en avions. En couple, monoparentale, immigrante, étudiante de soir,  de fin de semaine, à temps plein, à temps partiel, en congé de maternité, de la rive nord, de la rive sud, de l’est, de l’ouest, allaitante, au biberon, aux couches lavables…  Nos vécus, partagés, rencontrés au gré des kiosques d’information et des activités du Comité de parents étudiants, ont été le moteur du projet. Les centaines de membres du CSPE devenaient les centaines de visages de nos besoins. Nous ne voulions pas seulement un milieu de garde, nous voulions une garderie adaptée à nos réalités.

C’est bien beau tout ça, mais il fallait que l’univers soit de notre bord. Quand je parle de l’univers, je fais surtout référence au ministère de la Famille et à l’UQAM ! Les beaux jours des CPE étaient alors déjà derrière nous : très peu de nouvelles installations étaient créées. Nous nous sommes faufilées dans un appel de projets lancé sous le gouvernement Marois, ce qui, en 2012, faisait du CPE Tortue têtue la première nouvelle installation à Montréal dans les 10 dernières années. Du côté de l’UQAM, nous demandions principalement une aide financière par l’entremise de l’octroi d’un espace suffisant pour accueillir convenablement notre CPE. Or, nous étions aux lendemains de l’épopée « îlot voyageur ». L’université était dans une logique de rentabilisation des espaces, pendant que nous voulions développer un nouveau service pour les étudiants. Disons que nous espérons fort que les enfants et les employées profitent de chaque centimètre carré du CPE parce que chacun d’entre-eux ont été durement négociés ! L’une de nos plus importantes tapes dans le dos a été reçue de la part des étudiants qui, d’assemblée générale en assemblée générale, ont accepté et continuent toujours de gratter leurs fonds de tiroir pour contribuer au financement du CPE.

En parallèle de notre quête d’espace et de financement, les bases concrètes du CPE Tortue têtue prenaient forme. Nous avions la chance de compter parmi notre équipe des expertes en éducation à la petite enfance qui nous ont guidé dans la définition d’une approche pédagogique novatrice. Nous avons pris très au sérieux la définition des valeurs qui accompagneraient le CPE au quotidien : l’entraide, l’ouverture, l’épanouissement et le plaisir.

Au delà des étapes de réalisation du projet, il y a une gang de jeunes mamans, et de quelques jeunes papas, qui se sont assemblées. Pendant plus de 8 ans, elles ont persévéré dans la mise en œuvre d’un service dont elles auraient eu grandement besoin. De vraies tortues têtues.

Nous avons maintenant passé le relais à une nouvelle équipe. Nous sommes très émues de voir que vous veillez au grain à respecter la mission première du projet, soit d’offrir un service de garde à l’image des parents étudiants et de leurS réalitéS. Au nom de toutes les actrices de ce projet, je vous remercie du fond du cœur.